Le scandale du Dieselgate aurait causé la mort de 16 000 personnes en France depuis 2009

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Le scandale du Dieselgate a causé 16 000 morts en France depuis 2009. Découvrez l'impact dramatique des moteurs diesel truqués sur la santé publique et l'économie française dans cette analyse complète.
L'équipe du Laboratoire Luxembourgeois de Contrôle Sanitaire
Publié le 28 mai 2025 14:05 | Temps de lecture: 5 min

Le scandale du Dieselgate continue de faire des victimes. Une récente étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) révèle pour la première fois des chiffres alarmants : 16 000 décès prématurés en France depuis 2009 seraient directement liés aux moteurs diesel truqués. Cette tragédie sanitaire, aux conséquences dramatiques et évitables, soulève des questions cruciales sur la responsabilité des constructeurs automobiles et l'inaction des autorités publiques.

Qu'est-ce que le scandale du Dieselgate ?

Le Dieselgate, révélé en 2015, constitue l'une des plus grandes fraudes industrielles de l'histoire automobile. Ce scandale a éclaté lorsque l'International Council on Clean Transportation (ICCT), l'Université de Virginie-Occidentale et l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) ont découvert que Volkswagen utilisait des dispositifs d'invalidation interdits sur ses véhicules diesel.

Ces dispositifs, appelés "defeat devices", sont des technologies de calibration moteur qui désactivent ou réduisent l'efficacité des systèmes de contrôle des émissions dans des conditions normales de conduite. Concrètement, ces systèmes détectent quand les véhicules subissent des tests de certification et réduisent temporairement les émissions pour respecter les normes réglementaires. Cependant, une fois sur la route, les systèmes de dépollution sont désactivés, provoquant des émissions d'oxydes d'azote (NOX) largement supérieures aux limites autorisées.

Plus de 200 modèles de voitures diesel vendues entre septembre 2009 et août 2019 sous les normes Euro 5 et 6 sont soupçonnés d'avoir été équipés de ces dispositifs frauduleux. Ces véhicules ont été commercialisés avant l'introduction du test RDE (Real Driving Emissions), qui vérifie que les véhicules conservent de faibles émissions même dans les conditions réelles de conduite sur route.

L'ampleur dramatique des conséquences sanitaires

L'étude du CREA, première du genre à quantifier précisément l'impact mortel du Dieselgate, révèle des chiffres effroyables. En France, ces moteurs diesel truqués auraient causé 16 000 décès prématurés entre 2009 et 2024, avec une projection de 8 000 décès supplémentaires d'ici 2040, portant le bilan total à 24 000 victimes.

Ces décès résultent directement de la surexposition aux particules de dioxyde d'azote (NO2) et aux particules fines (PM2.5) émises par ces véhicules frauduleux. La pollution atmosphérique ainsi générée provoque diverses pathologies graves : maladies respiratoires chroniques, affections cardiovasculaires, diabète et cancers. Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et celles souffrant déjà de problèmes respiratoires, sont particulièrement exposées à ces risques sanitaires.

L'ampleur du problème dépasse largement les frontières françaises. À l'échelle européenne, incluant l'Union européenne et le Royaume-Uni, l'étude estime à 205 000 le nombre de décès prématurés supplémentaires liés à cette pollution industrielle entre 2009 et 2040. Parmi ces victimes, 124 000 personnes sont déjà décédées prématurément entre 2009 et 2024, tandis que 81 000 décès supplémentaires sont projetés d'ici 2040 si aucune mesure corrective n'est prise.

Un coût économique astronomique pour la société

Au-delà du drame humain, le Dieselgate représente un fardeau économique colossal pour la société française. L'étude chiffre ce coût à 146 milliards d'euros pour la France, résultant des pertes de productivité, des frais de soins médicaux et des décès prématurés.

Cette facture économique se décline en plusieurs postes significatifs. Entre 2009 et 2040, 2,4 millions de jours de congés maladie seront imputables aux sur-émissions liées au Dieselgate, avec un impact direct sur les finances publiques et la productivité des entreprises. Le système de santé français doit également faire face à 26 000 nouveaux cas d'asthme engendrés par ces moteurs truqués sur une période de 30 ans.

Ces chiffres illustrent comment une fraude industrielle peut transformer un problème technique en catastrophe sanitaire et économique de grande ampleur. Les coûts externalisés par les constructeurs automobiles retombent finalement sur l'ensemble de la collectivité, qui doit assumer les conséquences de leurs pratiques frauduleuses.

L'expansion du diesel en Europe : une politique aux conséquences dramatiques

Pour comprendre l'ampleur du Dieselgate, il convient de replacer ce scandale dans le contexte de l'expansion massive du parc diesel européen. Dans les années 1990, les décideurs politiques européens ont encouragé l'adoption de véhicules diesel, motivés par des ambitions climatiques. Le consensus scientifique de l'époque considérait que les véhicules diesel émettaient moins de dioxyde de carbone (CO2) que les véhicules essence, conduisant l'Union européenne à adopter une législation incitant les gouvernements à favoriser les motorisations diesel.

Cette expansion du nombre de véhicules diesel a eu des conséquences dramatiques pour la santé publique. En 2015, à travers l'Europe et le Royaume-Uni, les émissions des véhicules diesel étaient responsables de 37% à 69% des décès attribuables aux transports, tandis que les véhicules non-diesel ne contribuaient qu'à 5% à 14% de cette mortalité.

Jusqu'en 2017, les tests d'homologation officiels des véhicules étaient menés exclusivement en laboratoire dans des conditions standardisées. Cependant, des tests plus larges suggéraient depuis des années que les véhicules diesel émettaient des niveaux de polluants significativement plus élevés sur route que lors des tests officiels en laboratoire. Cette discrepance s'expliquait notamment par l'utilisation généralisée de dispositifs d'invalidation, interdits par les législations européenne et britannique sauf dans quelques exceptions très précises.

La révélation du scandale et ses suites judiciaires

La révélation du Dieselgate en 2015 a marqué un tournant dans la perception publique de l'industrie automobile. Les investigations menées par l'ICCT, l'Université de Virginie-Occidentale et l'EPA américaine ont mis au jour l'ampleur de cette fraude systémique. Volkswagen, premier constructeur pris la main dans le sac, avait programmé ses véhicules pour activer les systèmes de contrôle des émissions uniquement lors des tests en laboratoire, puis les désactiver en conditions réelles de conduite.

Cette révélation a déclenché une cascade de procédures judiciaires à travers le monde. Récemment, quatre anciens dirigeants de Volkswagen en Allemagne ont été condamnés pour fraude à des peines allant jusqu'à quatre ans et demi de prison, illustrant la reconnaissance judiciaire de la gravité de ces pratiques.

Malgré ces condamnations, le problème persiste. En 2023, l'ICCT a analysé les tests officiels d'émissions gouvernementaux et les données indépendantes de télédétection en conditions réelles dans l'UE et au Royaume-Uni. Selon cette analyse, des véhicules présentant des émissions supérieures au "seuil suspect" utilisent probablement encore aujourd'hui des dispositifs d'invalidation interdits.

Les solutions pour réduire l'impact futur

L'intervention immédiate des gouvernements et des constructeurs automobiles pourrait considérablement réduire les dommages futurs et générer des bénéfices sanitaires et économiques significatifs. Les mesures préconisées incluent l'investigation systématique des véhicules suspects et le rappel obligatoire des véhicules utilisant des dispositifs d'invalidation illégaux.

La mise en place du test RDE (Real Driving Emissions) représente un progrès important, mais insuffisant pour traiter le parc existant de véhicules frauduleux. Des mesures rétroactives s'avèrent nécessaires pour protéger la santé publique. Les États-Unis ont montré la voie en imposant des sanctions financières massives et des programmes de rappel obligatoires, contraignant les constructeurs à assumer leurs responsabilités.

L'enjeu dépasse la simple question technique pour toucher aux fondements de la responsabilité industrielle et de la protection de la santé publique. Les 8 000 décès évitables projetés d'ici 2040 en France constituent un défi moral et politique majeur pour les autorités françaises et européennes.

Un appel à l'action urgente

Le scandale du Dieselgate illustre comment des pratiques industrielles frauduleuses peuvent se transformer en catastrophe sanitaire de grande ampleur. Les 16 000 décès déjà survenus en France et les 8 000 victimes supplémentaires projetées d'ici 2040 constituent un bilan inacceptable qui exige une réaction immédiate et déterminée.

L'exemple américain démontre qu'une action rapide et ferme peut sauver des milliers de vies. Il appartient désormais aux autorités françaises et européennes de tirer les leçons de cette tragédie pour éviter que d'autres victimes ne viennent s'ajouter à ce bilan déjà dramatique. La protection de la santé publique doit primer sur les intérêts économiques des constructeurs automobiles.

Cette affaire soulève également des questions plus larges sur la régulation industrielle et la nécessité de contrôles plus stricts pour éviter que de telles fraudes ne se reproduisent. L'industrie automobile, comme tous les secteurs industriels, doit être soumise à une surveillance rigoureuse pour garantir que les normes environnementales et sanitaires soient effectivement respectées.

 

FAQ

  • Qu'est-ce que le scandale du Dieselgate exactement ?

     Le Dieselgate est un scandale industriel révélé en 2015 où des constructeurs automobiles, notamment Volkswagen, ont équipé leurs véhicules diesel de dispositifs frauduleux appelés "defeat devices". Ces systèmes désactivent les contrôles antipollution en conditions réelles de conduite tout en les activant lors des tests d'homologation, permettant aux véhicules de dépasser largement les limites d'émissions autorisées sur la route.

  • Combien de personnes sont mortes à cause du Dieselgate en France ?

     Selon l'étude du Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), 16 000 personnes sont mortes prématurément en France entre 2009 et 2024 à cause des surémissions des moteurs diesel truqués. L'étude projette 8 000 décès supplémentaires d'ici 2040, portant le bilan total à 24 000 victimes si aucune mesure corrective n'est prise.

  • Quel est le coût économique du Dieselgate pour la France ?

    Le coût économique du Dieselgate pour la France est estimé à 146 milliards d'euros entre 2009 et 2040. Ce montant inclut les pertes de productivité, les frais de soins médicaux, les 2,4 millions de jours de congés maladie et les 26 000 nouveaux cas d'asthme engendrés par la pollution supplémentaire des moteurs truqués.

  • Pourquoi les autorités françaises n'ont-elles pas agi comme aux États-Unis ?

     Contrairement aux États-Unis qui ont immédiatement imposé le rappel et la remise aux normes des véhicules frauduleux, les autorités françaises ont fait preuve d'inaction selon les experts. Cette différence d'approche a permis aux véhicules truqués de continuer à circuler et à polluer, causant des milliers de morts évitables que les mesures américaines ont permis d'éviter.

  • Existe-t-il encore des véhicules diesel frauduleux en circulation aujourd'hui ?

    Oui, selon une analyse de 2023 de l'International Council on Clean Transportation (ICCT), des véhicules présentant des émissions suspectes continuent probablement d'utiliser des dispositifs d'invalidation interdits. Les véhicules diesel vendus entre 2009 et 2019 sous les normes Euro 5 et 6, avant l'introduction du test RDE, restent particulièrement suspects et nécessitent une investigation approfondie.

 

Source:

https://theicct.org/expert-group-warns-european-authorities-excess-emissions-post-dieselgate-diesel-cars/https://theicct.org/
https://energyandcleanair.org/publication/health-impacts-of-diesel-vehicles-suspected-of-using-prohibited-defeat-devices-in-the-eu-and-uk/

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